Côtes d’Armor : une éducation populaire à l’échelle internationale

Dans les Côtes d’Armor, la fédération 22 de la Ligue de l’enseignement accompagne et met en oeuvre de nombreux programmes internationaux. Échanges européens, chantiers franco-allemands, volontariat international, projets solidaires… Tous les dispositifs sont bons pour faire vivre les deux valeurs phares de la fédération : l’échange et l’engagement.

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Mardi 13 février, 9h30. Dans la cour du Département des Côtes d’Armor, une vingtaine de jeunes arrivent au compte-goutte et poussent la porte d’Europ'Armor. Dans un joyeux méli-mélo de français, d’anglais, d’espagnol et d’allemand, les amis se retrouvent autour d’un café. Ils ont la journée devant eux pour finaliser l’organisation de leur projet collectif.

Volontariat international

Le point commun des jeunes rassemblés à Europ’Armor : ils participent au programme de volontariat européen proposé par le Corps Européen de Solidarité (CES). Financé par la Commission Européenne, le CES permet à des jeunes de 18 à 30 ans d’effectuer une mission de deux à douze mois à l’étranger. En 2021, ce sont 11 000 jeunes qui se sont envolés pour un pays voisin via ce dispositif, avec des missions variées : organisation d’un projet sportif, soutien à une association locale, animation d’un conseil de vie lycéenne… Le programme est particulièrement dynamique dans la région de Bretagne, qui accueille chaque année près de 80 volontaires. Cette année, ce projet collectif est mis en oeuvre par trois associations : la FDMJC22 et la fédération 22 de la Ligue de l’enseignement, en partenariat avec le Résia.

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Aujourd’hui, Claire et Morgane, du service Europe / international de la Ligue, accueillent, avec d’autres associations, le RESIA et Cap à Cité, les jeunes volontaires pour les accompagner dans la réalisation de leur projet collectif. Toutes les cohortes de volontaires y passent : il s’agit de concevoir, tout au long de leur séjour, un événement qu’ils organiseront ensemble, de A à Z. Cette année, les jeunes se sont inspirés du mythique Super Bowl américain pour le décliner à leur façon.

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Dans un français impeccable, Marta nous en dit plus : « Le Super Breizh Bowl, ce sera une journée pour les étudiants, dans laquelle on va faire différents ateliers : théâtre, musique, sport et jeux de société ». Une centaine de participants sont attendus à la Maison Familiale Rurale, dans la commune de Loudéac.  Un programme ambitieux qui représente un certain défi organisationnel : il faut penser à la mobilité des participants, au planning de la journée, à la restauration, à l’animation de tous les stands…

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En sous-groupes et dans la bonne humeur, les jeunes avancent dans l’organisation de leur projet. Les idées fusent, chacun met la main à la pâte avec plaisir. Manifestement, tous sont épanouis dans leurs missions et ravis de leur séjour en France. « Pour moi, c’était comme un rêve », sourit Triana, une jeune espagnole de 24 ans, volontaire au service européen du département. Elle en a des étoiles dans les yeux : « c’est la France, tu sais ! » De cette expérience unique, elle pense garder « les gens, la langue, l’expérience ». À côté d’elle, son amie Marta abonde. « Ça restera un souvenir unique ».

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Des graines européennes

Pour Claire, chargée de projet européen à la Ligue de l’enseignement des Côtes d’Armor, le volontariat européen est une excellente porte d’entrée dans le sujet. Elle s’explique : « l’international, l’Europe, ça reste nébuleux. Mais une fois qu’ils ont mis un pied dedans, ils y restent. Et après, ils s’investissent beaucoup plus ». Elle ne compte plus les exemples de volontaires partis à l’étranger ou accueillis en France qui ont poursuivi une activité liée à l’Europe, à l’éducation populaire, voire les deux en même temps : « une jeune qu’on a fait partir en Géorgie il y a deux ans a été animatrice à son retour, un autre est devenu administrateur de la Ligue, Ludivine est devenue bénévole chez nous en rentrant de son volontariat… ». Claire elle-même a rejoint son poste actuel après avoir effectué un volontariat en Géorgie, il y a quelques années.

« Une fois qu’ils ont mis un pied dans l’Europe, ils y restent »

Bien souvent, le volontariat représente donc la première brique d’une longue construction européenne pour les participants. « On a pas du tout envie que ce soit du one shot », résume Claire. Pour Erick, délégué général de la fédération, l’objectif est clair : « si, à la suite du volontariat, chacun de ces jeunes intègre une association, fait vivre la solidarité, monte un projet solidaire… on a gagné ». D’où la nécessité de « continuer à éduquer, travailler avec ces jeunes-là, pour qu’ils rayonnent et deviennent les ambassadeurs de cette citoyenneté ».

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Les participants présents ce jour-ci ont tout des graines d’ambassadeurs. Angie, jeune espagnole, a déjà trouvé un travail dans une association à Dinan pour lutter contre l’isolement des personnes âgées. Charlie et Triana, pour leur part, sont à la recherche d’un service civique en Bretagne. Et Marta, à son retour, espère rencontrer les volontaires internationaux présents dans sa ville pour pouvoir échanger autour de leurs expériences respectives.

L’expérience et l’expertise

Le volontariat européen ne représente que l’une des multiples cordes à l’arc de la Ligue de l’enseignement 22, en matière de projets internationaux. « On a réussi à développer un certain nombre d’actions et à diversifier notre présence », constate Morgane, déléguée Europe et relations internationales à la fédération. Il faut dire que l’histoire remonte. Dès les années 1990, alors que le Département des Côtes d’Armor s’investissait dans l’action européenne et internationale, la fédération prenait le même virage. Au fil des ans, les partenariats se sont étoffés, à tous les niveaux.

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Certains projets sont menés avec les collectivités territoriales, comme la labellisation « Relais Europe » qui finance l’organisation d’actions d’information et de sensibilisation autour de l’Europe sur le département, tout au long de l’année. D’autres dépendent d’agences nationales : les échanges de jeunes financés par Erasmus+, qui ont lieu trois fois par an, en France ou à l’international ; ou encore les chantiers franco-allemands, financés par l’Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ). La fédération monte également ses propres projets de toutes pièces, à l’instar de la dynamique « Pilote ton pote » qui met en relation des jeunes volontaires et des jeunes costarmoricains pour créer de l’échange et organiser des événements entre eux.

À force de jongler entre les dossiers de subvention, les appels à projet, les multiples partenaires, tous les dispositifs européens - qui ne sont pas connus pour être les plus faciles à décrypter ; la fédération a développé une réelle expertise administrative. Au point que Morgane est devenue référente du fonds citoyen franco-allemand pour les régions Bretagne et pays de la Loire, une position qui lui fait rencontrer toujours plus d’acteurs motivés pour faire vivre les liens entre la France et l’Allemagne, pour les accompagner dans leur projet.

Malgré la diversité des moyens, l’équipe garde une idée très précise de la fin, assure Morgane : « savoir s’ouvrir, créer du lien entre les nations, lutter contre l’obscurantisme ». Un vaste projet de passage à l’échelle de l’éducation populaire.